Merci toubib - dien bien phu

Lorsque tombe le camp retranché de Dien Bien Phu, le 7 mai 1954, la garnison française compte 5 000 blessés (près d'un homme sur deux!), dont 3 500 grièvement atteints.
Les infirmeries de bataillon et les antennes chirurgicales, creusées comme en 14 dans la boue des tranchées, sont envahies par des centaines d'amputés, de blessés du ventre, de la tête ou du thorax, de victimes de fractures multiples corsetées de plâtres. Certains croupissent depuis près de deux mois dans d'étroits boyaux à l'odeur pestilentielle. Faute de place, il a fallu renvoyer des unijambistes ou des manchots !
Ces soldats qui ne sont plus que des corps pantelants seront soignés avec une abnégation sans limite par une poignée de jeunes médecins.
Ce livre se nourrit des souvenirs de trois des acteurs du drame :
Le docteur Thuriès, d'abord médecin de bataillon puis chirurgien d'antenne, a créé le poste sanitaire souterrain qui, au fil des combats, deviendra le mini-hôpital de Dien Bien Phu. Son rôle, au début de la bataille, est de pratiquer les soins de première urgence qui permettront aux blessés d'être transportés par avion.
Évacués vers l'hôpital d'Hanoi, ses patients y sont pris en charge dans le service moderne du docteur Aulong, chirurgien confirmé.
Après le déclenchement de l'attaque viet, tant que les blessés peuvent encore être évacués par hélicoptère, le docteur Hantz les réceptionne à Muong Saï, au Laos, pour les conditionner et les envoyer au docteur Aulong.
Lorsque les communications sont définitivement coupées et qu'aucun homme ne peut plus quitter Dien Bien Phu, il faut renforcer les moyens médicaux devenus insuffisants en y déployant des antennes chirurgicales parachutistes. Le docteur Hantz saute alors dans la fournaise. Pendant près d'un mois, il opère sans discontinuer avant de connaître la captivité et les marches de la mort vers les camps de prisonniers.
Quand les survivants du goulag jaune sont libérés, et parmi eux les blessés qui ne sont pas morts de l'absence de soins durant leur captivité, c'est encore le docteur Aulong qui les accueille à Hanoi.

À travers les récits croisés de ces trois témoins, ce livre émouvant rend hommage au courage et au dévouement sans limite des " toubibs " qui ont tout donné pour que vivent les blessés de cette dernière grande bataille du XXe siècle.